7 nouveaux grands tétras relâchés dans le massif des Vosges

Publié le Lundi 12 Mai 2025

Le parc naturel régional des ballons des Vosges communique sur le bilan de la 2ème translocation de grand Tétras dans le massif des Vosges :

Le programme de renforcement de la population de Grand Tétras dans le massif des Vosges a démarré en avril 2024. La deuxième opération de translocation (capture, transport, relâcher) s’est déroulée du 24 avril au 6 mai 2025 en lien avec les autorités norvégiennes. Cette deuxième translocation a impliqué les partenaires garants du contrôle technique, scientifique et vétérinaire.

Bilan de la deuxième translocation

Cette deuxième session de translocation a permis de relâcher dans le massif du Grand Ventron cinq coqs et deux poules. Ils ont rejoint les deux oiseaux issus de la première translocation ainsi que les oiseaux autochtones estimés à moins de cinq individus. Les conditions météorologiques sur les sites de captures norvégiens sont à l’origine du faible nombre d’oiseaux transloqués. Suite à un hiver avec peu de neige et un printemps exceptionnellement doux, les périodes nuptiales, sur les places de chant identifiées en Norvège, ont donc eu lieu bien plus tôt que prévu. Ce qui a considérablement diminué le nombre d’oiseaux capturable. Dans ce contexte, les équipes ont poursuivi leur implication afin d’identifier de nouvelles possibilités et techniques de captures qui pourraient être valorisées dans la suite du programme. Le transport et relâcher des oiseaux se sont bien passés. Les données GPS vont désormais permettre de suivre avec précision les oiseaux transloqués. Le suivi du 6 mai a cependant permis de constater la mort d’une poule. Les indices retrouvés sur place permettent d’envisager une prédation.

> Programme de renforcement du Grand Tétras dans le massif des Vosges

Ce projet scientifique est issu d’une stratégie nationale d’actions portée par l’État et animée localement par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Il est autorisé par l’État à titre exploratoire et par les autorités norvégiennes pour une première période de cinq ans. Cette opération est portée avec l’appui de nombreux partenaires et s’inscrit dans une dynamique européenne de conservation de l’espèce. Ce programme repose sur l’introduction de nouveaux oiseaux et des mesures d’accompagnement pour la poursuite de l’amélioration des habitats forestiers, de la quiétude, de l’équilibre forêt-gibier, et de la connaissance de l’espèce.

> Les partenaires des opérations de translocation

En Norvège sur les sites de capture : Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (pilote), l’Agence des forêts norvégiennes (responsable de la gestion de la faune sauvage), l’Office Français de la Biodiversité (appui technique et scientifique), le Parc animalier de Sainte-Croix (appui vétérinaire), la Fédération départementale des chasseurs des Vosges et des experts indépendants des Pyrénées et de l’Union International pour la Conservation de la Nature.

Dans le massif des Vosges sur le site de lâcher : Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges accompagné d’un vétérinaire, l’Office National des Forêts, l’Office Français de la Biodiversité et la Gendarmerie nationale.

> Bilan de la 1ère translocation : avril 2024 – mars 2025

La première opération de translocation s’est déroulée fin avril 2024. Neuf Grand Tétras norvégiens ont été relâchés dans le massif du Grand Ventron. Un suivi attentif a été mis en place grâce à une balise GPS posée au moment de la capture sur chaque oiseau. Des bilans mensuels ont été réalisés à partir de ses suivis et partagés au comité de pilotage. Un bilan annuel est aujourd’hui en accès libre sur le site du Parc.

> Suite du programme après cette deuxième année

Le programme engagé se veut exploratoire et évolutif. Il est engagé sur une première durée de cinq ans. Un bilan à deux ans est prévu pour adapter la suite du programme au regard des premières expériences. La Préfecture des Vosges et le Parc naturel régional des Ballons des Vosges réuniront prochainement les partenaires du projet pour décider des modalités de poursuite du programme.


 

Les associations SOS Massif des Vosges, Vosges Nature environnement, Oiseaux Nature, Avenir et Patrimoine 88, Paysage Nature et Patrimoine de la Montagne Vosgienne communiquent également sur cette seconde campagne qui se conclue sur un échec selon eux.

Grand Tétras dans les Vosges : opacité, déni de réalité, gabegie

Alors que la deuxième campagne de réintroduction de Grand Tétras dans les Vosges vient de s’achever, les informations que les associations ont pu rassembler révèlent un projet voué à l'échec, tant sur les plans écologique, technique et financier. Il faut souligner que ce projet se déroule dans la plus grande opacité, une communication opaque que les associations et autres citoyens avaient déjà combattue lors de la première campagne de captures en 2024, qui se poursuit et s'accentue lors de cette deuxième opération de captures et relâchers, les porteurs du projet allant même jusqu'à faire signer une clause de confidentialité aux personnes et structures partenaires, on est loin de la "transparence" revendiqué régulièrement et publiquement par les porteurs du projet …

Une opération coûteuse, des résultats dérisoires voire contraires aux objectifs annoncés

Annoncée comme permettant le lâcher de 40 à 50 individus en provenance de Norvège, cette nouvelle tentative de réintroduction s’est soldée par la capture et la libération de seulement quelques oiseaux. Si ce faible nombre peut être perçu positivement d’un point de vue éthique, évitant un stress et une mortalité supplémentaires, il souligne surtout l’échec du projet au regard de ses objectifs initiaux. Ce résultat est même inférieur à celui de la première campagne de 2024, où 10 tétras avaient été capturés, dont un est mort dès sa capture, et où au moins 7 autres sont décédés dans l’année suivant leur relâcher. Ainsi, malgré des moyens financiers considérables, les effets constatés sont non seulement dérisoires, mais potentiellement nuisibles à l'espèce et à l'image des actions de protection de la biodiversité.

Les responsables du projet, notamment le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV), avaient pourtant justifié la première campagne comme non significative en raison de son faible effectif. La promesse d’une seconde opération à plus grande échelle devait, selon eux, « apporter enfin des données probantes ». Le très faible nombre des individus effectivement transférés est donc stupéfiant, totalement inconséquent.

C’est donc un échec méthodologique et stratégique majeur, qui démontre que le problème n’est pas la taille de l’échantillon, mais l’irréalisme du projet lui-même et l’incapacité des porteurs du projet à en tirer les enseignements, à revoir leur stratégie, ou simplement à reconnaître la réalité de la situation.

Un déni des alertes scientifiques

Rappelons que les avis du CSRPN (Conseil scientifique régional du patrimoine naturel) et du CNPN (Conseil national de la protection de la nature) ont été massivement défavorables au projet et scientifiquement étayés. Ils soulignaient les lacunes majeures du dossier, l’absence d’analyse rigoureuse des causes de l’effondrement de l’espèce dans les Vosges, et l’impréparation des conditions de réintroduction. Le CSRPN allait jusqu’à conclure que « les conditions indispensables au rétablissement d’une population viable ne sont à l’évidence pas réunies ».

Ces alertes n’ont pas été prises en compte. Pire : les instances n’ont même pas été consultées à nouveau après la production d’un « dossier complémentaire » par le PNRBV, document lui aussi jugé scientifiquement insuffisant et désorganisé, comme l’attestent les analyses de différents scientifiques.

Un coût public injustifiable

Selon les chiffres mêmes du projet, le coût pour les seules années 2024 et 2025 dépasse 1,6 million d’euros. Une somme indécente mobilisée pour une opération qui ne répond à aucun des critères de rentabilité écologique ou de pertinence scientifique, et dont l’échec était annoncé de longue date.

Une logique d'intervention qui menace d'autres espèces

Pour tenter de limiter la prédation des tétras, le PNRBV a annoncé vouloir recourir à des dispositifs d’effarouchement par ultrasons. Or ces dispositifs sont susceptibles d’affecter gravement la faune locale, notamment des espèces protégées telles que le lynx, le chat forestier ou les chiroptères, sans qu’aucune évaluation d’impact n’ait été fournie. On ne peut que s'étonner qu'un Comité Consultatif exceptionnel de la Réserve Naturelle du Grand Ventron vienne d'être convoqué par le sous-préfet pour le 13 mai prochain, afin d'évoquer ce seul point à l'ordre du jour : l'autorisation de tels dispositifs d'effarouchement.

Une opposition citoyenne et associative ignorée

Lors de la consultation publique organisée en mars 2024, près de 90 % des 957 contributions se sont déclarées défavorables au projet. Parmi elles, de nombreux citoyens, naturalistes, scientifiques et associations, dénonçant l'absence de conditions favorables et appelant à des actions de fond sur les habitats et la tranquillité du massif

Une opération de communication plus qu’une action de conservation

Face aux critiques, les autorités tentent aujourd’hui de transformer cet échec en succès de façade. Le président du Parc évoquait récemment une « miraculeuse rencontre entre trois tétras norvégiens et quatre autochtones », sans qu’aucune preuve tangible n’ait été fournie à ce jour. Une communication de storytelling et d'affichage qui masque mal le vide scientifique et opérationnel de ce programme.

Une audience décisive à venir

Les associations à l’origine de cette contestation ont introduit un recours en annulation contre l’arrêté de la Préfète des Vosges du 16 avril 2024, qui a autorisé ces opérations de capture et de lâcher. L’audience au fond devant le tribunal administratif de Nancy est désormais imminente, et revêt une importance capitale

Nous appelons solennellement à un moratoire immédiat sur toute nouvelle tentative de réintroduction de Grand Tétras dans les Vosges tant que les conditions élémentaires de viabilité, de transparence, et de rigueur scientifique ne sont pas réunies. L’argent public doit cesser de financer des illusions coûteuses au détriment des véritables priorités écologiques du massif.

SOS Massif des Vosges, Vosges Nature environnement, Oiseaux Nature, Avenir et Patrimoine 88, Paysage Nature et Patrimoine de la Montagne Vosgienne.

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