Busin'Est le reportage du 19 novembre

Busin'Est le reportage du 19 novembre

Publié le Mercredi 19 Novembre 2025

Ce jeudi matin la tannerie Sovos-Grosjean au Thillot recevait une quinzaine de responsables d’entreprises, tous adhérents au réseau des Ambassadeurs des Vosges. L'occasion d'un point économique avec cette tannerie indépendante qui emploie une petite douzaine de salariés et approvisionne en cuir des architectes et designer travaillant dans les domaines de l'ameublement de luxe et l'aéronautique.


Une Histoire de Famille Ancrée dans les Vosges (1864 - Début du XXe siècle)

 L'histoire de la Tannerie Sovos Grosjean est intimement liée à celle de la vallée de la Moselle, au Thillot, au cœur des Vosges. Elle débute en 1864 lorsque Victor Grosjean fonde une activité de corroierie sur le site. Rapidement, l'entreprise familiale élargit ses compétences pour intégrer l'étape cruciale du tannage au chêne dès 1875, exploitant les ressources naturelles locales.

C'est sous l'impulsion de son fils, Auguste Grosjean, que la tannerie prend véritablement son essor. Il développe une intégration complète du processus, ajoutant le travail de rivière, les tonneaux de tannage et les fosses à l'intérieur des installations. Cette vision humaniste de l'entrepreneuriat permet à l'entreprise de prospérer, devenant un acteur économique majeur employant jusqu'à près de 300 salariés avant la Première Guerre mondiale. L'entreprise se spécialise alors notamment dans la production de cuir lissé pour des marchés importants, comme l'armée française durant le conflit de 1914-1919, contribuant ainsi à l'effort national.

Résilience Face aux Épreuves (Milieu du XXe siècle)

Le XXe siècle est marqué par des épreuves qui testent la résilience de l'entreprise. Le 19 juin 1940, la tannerie est partiellement détruite lors de l'entrée des troupes allemandes au Thillot. Malgré les dommages, l'équipe trouve la force nécessaire à la reconstruction, ancrant la volonté de renaissance sur ce lieu.

Après-guerre, la production s'oriente vers des produits plus techniques destinés à l'industrie et au sport – comme les courroies de transmission ou les cuirs pour ballons de football – témoignant d'une capacité constante à s'adapter aux marchés changeants. Les opérations, d'abord manuelles, se mécanisent progressivement avec une précision croissante pour préserver la qualité unique de la fleur du cuir.

Renaissance et Orientation vers l'Excellence (XXIe siècle)

Après une période où la tannerie est gérée en dehors du cercle familial, la crise économique mondiale de 2008 frappe durement l'établissement. Néanmoins, en 2009, la détermination des salariés et de nouveaux dirigeants, fidèles à l'esprit transmis depuis plus de 150 ans, permet d'opérer une renaissance de l'activité. L'entreprise devient la dernière tannerie en activité dans les Vosges, perpétuant un savoir-faire rare.

Aujourd'hui, la Tannerie Sovos Grosjean s'est concentrée sur le marché du luxe et du sur-mesure. Elle est spécialisée dans la production et la finition de cuirs pleine fleur de bovins, privilégiant l'excellence et la technicité. L'activité actuelle est principalement le finissage et le travail du cuir, recevant des peaux (issues notamment de Bretagne, Normandie et Bavière) qui sont ensuite traitées selon des procédés exigeants, du tannage végétal ou minéral, aux finitions anilines, semi-anilines ou pigmentées.

L'entreprise fournit des cuirs d'exception aux grands noms de l'aménagement intérieur de résidences prestigieuses, de l'hôtellerie de luxe, du nautisme haut de gamme (yachts), et de l'aviation d'affaires (aircraft-interiors). Cette réorientation stratégique, axée sur la qualité, la personnalisation et le respect des normes (telles que REACH ou les certifications non-feu), a permis de préserver et de transmettre un savoir-faire vosgien unique, faisant de Sovos Grosjean un fleuron de l'artisanat industriel français.

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